Olga Bautista est directrice de bureau à Madagascar pour ECPAT France. L’association a pour mission de lutter contre l’exploitation sexuelle des enfants et des jeunes.
La Fondation RAJA-Danièle Marcovici soutient son action dans les bidonvilles de Nairobi et de Kisumu au Kenya, où de nombreuses jeunes filles en situation de rue sont obligées de se prostituer pour survivre.
Les raisons qui mènent les femmes à la prostitution peuvent être très variées.
Il y a d’abord l’influence du contexte socioéconomique : dans toutes les sociétés des pays du sud, la prostitution est une problématique très ancrée, et on remarque que plus une société est inégalitaire, plus la prostitution se développe. Il s’agit d’un débat qui n’interpelle pas seulement les filles et les femmes, mais toute la société. Pour prévenir ces situations, il faut agir de manière globale pour réduire les inégalités en permettant aux jeunes filles d’accéder à l’éducation, en leur ouvrant le marché du travail, et en réduisant la violence.
Il y a également des facteurs personnels qui rendent les femmes plus vulnérables : l’histoire de chacune et notamment les violences qu’elles ont subies, la situation de handicap, le fait d’être dans un entourage qui n’est pas protecteur, les situations de violences sexuelles au sein de la famille, ou encore tout simplement le fait d’être une femme.
Dans les pays où nous intervenons, nous travaillons auprès de jeunes femmes âgées de 15 à 18 ans qui vivent dans une grande précarité et n’ont d’autres alternatives pour survivre que la prostitution. Sans autre solution qui leur permette de subvenir à leurs besoins vitaux, il est difficile pour elles d’envisager une sortie de la prostitution.
Le manque d’éducation sexuelle, souvent taboue, est aussi une difficulté. A Madagascar par exemple, les jeunes femmes deviennent mères très jeunes à cause de la pression sociale qui les pousse à prouver qu’elles sont fertiles. Elles doivent alors trouver des revenus supplémentaires pour prendre en charge leur enfant. Souvent, elles ne savent pas comment s’occuper de leur enfant : il est alors important de les soutenir dans leur rôle de mère, par exemple à travers des ateliers mères-enfants.
Le cercle de la violence et de la vulnérabilité est très dur à briser : beaucoup retombent très vite dans des relations d’abus et doivent cheminer longtemps avant de se réinsérer. Elles sont aussi nombreuses à rencontrer des difficultés avec leur entourage, ce qui rend plus difficile leur réinsertion. Un accompagnement psychosocial peut permettre de résoudre certaines de ces difficultés.
La prostitution n’est pas qu’un métier pour ces femmes : cela devient une identité, c’est pourquoi il est si difficile d’en sortir… Parce que peu de dispositifs d’accompagnement existent pour leur proposer des alternatives, elles ont du mal à voir qu’elles pourraient faire autre chose, ou plutôt, être autre chose.
Les jeunes femmes que nous accompagnons cherchent surtout une alternative à leur situation de précarité. Notre objectif est donc de réduire leur vulnérabilité tout en leur proposant des solutions pour assurer des revenus.
Chaque parcours est différent et nécessite un suivi individualisé, parce qu’il dépend des histoires de vie et des problématiques de chaque femme. Souvent, après deux ou trois mois de maraude, elles adhèrent au programme. Leur motivation est essentielle, c’est pourquoi tout notre programme est basé sur la libre adhésion.
Après une étape de remise à niveau, qui comprend notamment des cours d’alphabétisation, nous leur proposons une formation professionnelle qui dure 3 à 5 mois, puis nous les accompagnons dans la mise en place d’activités génératrices de revenus, comme la mise en place d’une épicerie ou d’un restaurant de quartier, ou encore le développement d’une activité de coiffure.
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