À la suite de la guerre Israël-Hamas qui a éclatée en octobre 2023 et entraîné une crise humanitaire d’ampleur dans la région, une subvention du fonds d’urgence de la Fondation RAJA-Danièle Marcovici est octroyée aux associations Women Wage Peace (Israël) et Women of the Sun (Palestine). Yael Admi, fondatrice de Women Wage Peace, et Reem Hjajara, fondatrice de Women of the Sun, répondent aux questions de la Fondation.
Fondé au lendemain de la guerre de 50 jours située à Gaza et de l’opération Bordure protectrice en 2014, Women Wage Peace (WWP) est un vaste mouvement non affilié politiquement. Ce mouvement agit dans l’objectif d’anticiper la guerre à venir et de promouvoir une solution non violente, respectueuse et mutuellement acceptée au sein du conflit israélo-palestinien. Cet objectif doit être mené avec la participation active des femmes à toutes les étapes des négociations, conformément à la résolution 1325 du Conseil de sécurité de l’ONU. Composé de 45 000 membres, Women Wage Peace (WWP) est devenu le plus grand mouvement pacifiste local en Israël. En 2021, l’ONG de défense des droits des femmes palestiniennes Women of the Sun a été créée de manière à militer en faveur de la paix et à renforcer les capacités économiques et politiques des femmes. Pour résoudre le conflit israélo-palestinien, les deux organisations font front commun pour instaurer un climat de confiance au-delà des clivages, en encourageant de manière unie les négociations diplomatiques impliquant une représentation complète des femmes.
En 2022, les deux organisations ont conjointement publié l’Appel des mères, incitant les Palestiniennes et les Israéliennes, ainsi que l’ensemble de la région, à soutenir la résolution du conflit. « Nous, femmes palestiniennes et israéliennes de tous horizons, sommes unies dans le désir humain d’un avenir de paix, de liberté, d’égalité, de droits et de sécurité pour nos enfants et les générations à venir ». Le 4 octobre 2023, trois jours seulement avant l’attaque du Hamas, elles ont organisé une manifestation commune s’étendant de Bethléem à Jérusalem, pour appeler à la paix.
En tant que militantes appelant à la paix, il est clair que notre parcours découle de notre croyance profonde en la dignité humaine et les droits inhérents à tous les individus, indépendamment de leur origine ou de leur nationalité. Être témoins des injustices et des difficultés rencontrées quotidiennement par les Palestinien.ne.s, et des vies minées par la peur et le manque de sécurité, tant pour les Israélien.ne.s que pour les Palestinien.ne.s, nous a poussé à agir en faveur de la paix, la justice et les droits de l’homme. Notre engagement en faveur de la paix découle donc de la conviction qu’il s’agit non seulement d’un impératif moral, mais aussi d’une nécessité pratique pour le bien-être et la sécurité de tous.tes les habitant.e.s de la région.
Au sein de nos organisations respectives, nous nous concentrons sur diverses initiatives visant à promouvoir la paix, la justice et les droits. Cela inclut un plaidoyer au niveau local, une organisation des communautés, des campagnes éducatives et un engagement auprès des décideurs politiques et de la société civile, tant au niveau local qu’international. Nous travaillons en étroite collaboration sur des projets communs, en partageant nos ressources et notre expertise, et en amplifiant nos voix respectives pour militer en faveur d’une paix juste et durable dans la région.
Les femmes jouent un rôle crucial dans la consolidation de la paix en tant qu’actrices du changement, de la réconciliation et de la résilience. Nos perspectives, nos expériences et notre leadership uniques contribuent à mettre en avant des processus de paix plus inclusifs et durables. Les femmes agissent comme des passerelles, en instaurant la confiance nécessaire et en favorisant le dialogue au niveau local, leur permettant ainsi de faire émerger de la compréhension et de la coopération entre les communautés. En outre, la participation significative des femmes aux processus décisionnels est essentielle pour s’attaquer aux causes profondes des conflits et garantir le succès à long terme des efforts menés en faveur de la consolidation de la paix.
Nous envisageons un avenir pacifique entre Israël et la Palestine fondé sur les principes de justice, d’égalité et de respect des droits de l’homme. Une paix juste et durable ne peut être obtenue que par un véritable dialogue, une reconnaissance mutuelle et la mise en œuvre des résolutions des Nations Unies et du droit international. Cela nécessite une volonté politique, une responsabilité et un engagement actif de la part de toutes les parties prenantes, y compris la communauté internationale.
La communauté internationale doit jouer un rôle essentiel dans la résolution du conflit israélo-palestinien en faisant respecter le droit international, en encourageant la responsabilité et en soutenant un accord de paix juste et global. Il s’agit notamment de faire pression sur les deux parties concernées pour qu’elles respectent les droits de l’homme, mettent fin aux violations et se conforment aux résolutions des Nations Unies. En outre, la communauté internationale devrait soutenir les initiatives locales, les organisations de la société civile et les efforts visant à instaurer de la confiance et de la compréhension mutuelle entre Israélien.ne.s et Palestinien.ne.s. Finalement, une solution durable exige un engagement collectif en faveur de la justice, de l’égalité et de la réalisation des droits de l’homme, y compris le droit à la sécurité, pour tous les habitant.e.s de la région.
Biographies :
Yael Admi
Yael Admi, également mère dévouée de 6 enfants et grand-mère de 10 résidant à Ganei Yehudah, milite en faveur de la paix depuis plus de 40 ans. Nommée présidente du forum israélo-palestinien des familles endeuillées, elle est l’une des fondatrices et dirigeantes de Women Wage Peace. Yael a dirigé une initiative législative présentée à la Knesset israélienne, un projet de loi centré sur les alternatives politiques. Ce projet de loi exige du gouvernement qu’il évalue et envisage des alternatives politiques, en temps de paix comme en temps de guerre, afin d’éviter des actions militaires inutiles et de formuler des initiatives politiques qui garantiront un avenir de paix. Yael est également l’une des responsables et facilitatrices des liens de l’organisation avec les partenaires palestiniens, comme Women of the Sun, et a participé à la formulation de l’Appel des mères. De plus, elle est membre de l’équipe stratégique de WWP et participe à la création de coopérations avec d’autres organisations de paix.
Facilitatrice de groupe spécialisée dans les groupes de conflit par l’intermédiaire de l’organisation Talking Peace, elle porte également les casquette de formatrice de groupes et de consultante en organisation pour l’institut Adler, dont elle est membre du Conseil d’Administration depuis 2006.
Enfin, Yael est ingénieure logiciel, spécialisée dans l’IA, et directrice des procédures de développement dans une grande entreprise de haute technologie. Titulaire d’un doctorat en éthique et en dialogue, elle a récemment été choisie comme l’une des 12 femmes de l’année 2024 par le Time Magazine.
Reem Al-Hajajreh
Reem Al-Hajajreh, mère dévouée de trois enfants résidant dans le camp de Deheisha à Bethléem, occupe les positions éminentes de cofondatrice et directrice de Women of the Sun. Reconnue comme l’une des femmes les plus influentes au monde par le Time Magazine, Reem fait preuve d’un leadership exemplaire, supervisant la planification stratégique et la mise en œuvre des services et des projets de l’organisation. Ses responsabilités s’étendent de la résolution des problèmes, à l’évaluation des programmes, en passant par l’approbation du budget et jusqu’à la représentation dans les programmes caritatifs et les services communautaires.
Reem est une fervente défenseuse de la paix et de l’émancipation des femmes. Elle croit au rôle essentiel que jouent les femmes dans la promotion de la justice, de la paix et de la sécurité, tout en reconnaissant leur marginalisation dans les processus de paix formels. Profondément attachée à l’inclusivité, Reem insiste sur la nécessité urgente de faire participer les femmes aux efforts de consolidation de la paix, en veillant à ce que leurs contributions soient reconnues et appréciées à leur juste valeur.
Titulaire d’une licence en administration des affaires et en travail social de l’Université d’Al-Quds, Reem apporte une grande richesse de connaissances et d’expertise à son rôle de dirigeante. Ses compétences exceptionnelles en matière de communication, associées à un fort leadership, soulignent son dévouement en faveur de la justice sociale et de la promotion de l’égalité entre les hommes et les femmes.
Les qualifications de Reem et sa vaste expérience en matière de leadership et d’administration témoignent de son engagement inébranlable en faveur de l’autonomisation des femmes et de la construction d’une société plus équitable.
