Interview de l’association Sport dans la ville : le sport comme levier d’engagement et de motivation de la jeunesse

29 avril 2024

L'objectif principal de l'association Sport dans la Ville est de favoriser l'insertion sociale et professionnelle des jeunes en leur fournissant les compétences, les outils et le soutien nécessaires pour réussir dans la vie. En utilisant le sport comme un levier d'engagement et de motivation, l'association vise à aider les jeunes à développer leur confiance en eux, leur esprit d'équipe et leurs compétences sociales et professionnelles. Merci à Chloé Roure (responsable pédagogie & L dans la Ville en Ile-de-France), Lucie Cécile Amdaoud (référente L dans la Ville Sport), Marie Boulzennec (référente L dans la Ville insertion) et Victor Dinca (responsable partenariats privés Sport dans la Ville) d'avoir répondu aux questions de la Fondation RAJA-Danièle Marcovici dans le cadre de la campagne "Genre & Sport".

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  • Pouvez-vous présenter l’association Sport dans la ville ?

L’association Sport dans la Ville est la principale association d’insertion par le sport en France. Depuis 1998, nous accompagnons des jeunes issus de quartiers prioritaires sur le chemin de la réussite. En 2023, ils étaient 12000 à bénéficier de nos différents programmes ! Le sport est notre point de départ ; c’est par la construction et l’animation de terrains sportifs que débute notre action. Au fil des séances, nous transmettons aux jeunes des valeurs importantes et créons un lien de confiance solide avec eux. C’est ce lien social construit avec eux sur les terrains nous permet ensuite de leur proposer un accompagnement personnalisé pour favoriser leur réussite scolaire et professionnelle.

Parmi nos différents sujets, nous avons développé le programme transversal L dans la Ville. Il vise à donner les mêmes chances de réussite aux jeunes filles en les accompagnant dans leur épanouissement personnel et leur insertion professionnelle. Ce programme est né du constat qu’à partir de 12 ans, les jeunes filles n’étaient plus assez présentes sur les séances sportives de l’association et qu’elles étaient de fait, sous-représentées dans le programme d’insertion professionnelle Job dans la Ville. Pour renverser la tendance, nous mettons en place dans nos différentes régions des séances de sport dédiées aux filles ainsi qu’une approche pédagogique inclusive, nous sensibilisons les éducateurs et éducatrices de l’association à ces questions, nous construisons de nombreux ateliers autour de la confiance en soi et nous favorisons les rencontres inspirantes entre les jeunes filles de l’association et des professionnelles de différents domaines.

  • Comment le sport peut-il être utilisé comme outil pour favoriser l’égalité, l’éducation et la reconstruction ?

Le sport peut jouer un rôle dans la promotion de l’égalité, de l’éducation et de la reconstruction, en particulier lorsqu’il est intégré à des programmes comme LDLV. Voici comment le sport peut être utilisé comme outil dans ce contexte :

  • Renforcement de la confiance en soi et du leadership féminin : À travers des ateliers thématiques tels que la connaissance de soi, le body positive et la prise de parole en public, le sport peut être utilisé pour aider les jeunes filles à découvrir et à renforcer leurs compétences personnelles et sociales. Par exemple, en participant à des séances de circuit training où elles expérimentent différentes activités physiques, les jeunes filles peuvent apprendre à reconnaître leurs propres forces et faiblesses, tout en développant leur confiance en elles-mêmes. La danse peut également être un moyen puissant de favoriser le body positive en encourageant les participantes à se connecter avec leur corps de manière positive et à développer une relation saine avec lui. De plus, en leur donnant l’occasion de prendre la parole lors d’ateliers sportifs collectifs, les jeunes filles peuvent améliorer leurs compétences en communication et renforcer leur confiance en leur capacité à s’exprimer devant un public.
  • Élargissement des perspectives professionnelles : Le sport peut être utilisé pour briser les stéréotypes de genre associés à certains métiers, en particulier ceux qui sont perçus comme étant réservés aux hommes. En organisant des rencontres entre des femmes inspirantes et les jeunes filles, le sport peut faciliter les échanges. Par exemple, en participant à des activités sportives ensemble, les jeunes filles et les femmes intervenantes peuvent créer un environnement informel où les barrières sociales sont abaissées, permettant ainsi des conversations ouvertes et enrichissantes. Ces rencontres offrent aux jeunes filles des modèles féminins positifs dans des domaines traditionnellement dominés par les hommes, ce qui les encourage à envisager un large éventail de possibilités professionnelles pour leur avenir.

En résumé, intégrer le sport dans des programmes comme LDLV peut non seulement renforcer la confiance en soi et le leadership féminin chez les jeunes filles, mais aussi élargir leurs horizons en brisant les stéréotypes de genre et en leur fournissant des modèles féminins inspirants.

Plus largement, au sein de l’association, le sport ne se limite pas seulement à une activité physique, mais il est également utilisé comme un outil pour enseigner des valeurs et des comportements qui seront transposables au monde du travail. Les jeunes qui participent régulièrement aux séances sportives les mercredis et samedis ont l’opportunité d’apprendre des savoir-être fondamentaux tels que la ponctualité, le partage, le respect des autres ainsi que la persévérance.

  • Quel impact le sport a-t-il sur le public bénéficiaire ?

Le sport a de nombreux effets positifs sur le public bénéficiaire de Sport dans la Ville. En fonction des situations des jeunes, l’impact peut varier ou s’exprimer de différentes manières.

  • Pour les enfants, les séances de sport du mercredi et du samedi sont un moment de joie et de défoulement, qui leur évitent de rester chez eux enfermés. Elles permettent de se réunir, de s’amuser et de commencer à intégrer des valeurs telles que l’esprit d’équipe, le fair-play, le dépassement de soi.
  • A l’adolescence, de nouvelles problématiques peuvent naître et le sport s’impose comme une réponse à certaines d’entre elles. Cette période de la vie peut être synonyme de remise en question, de repli sur soi, voire de mal être et le sport peut s’avérer être une véritable échappatoire.
  • Pour les jeunes du parcours Passe Décisive, qui ne sont ni en formation, ni en emploi, et qui peuvent avoir un rythme de vie complètement décalé, la pratique du sport est un outil de remobilisation. Les séances proposées par Sport dans la Ville les incitent à se lever le matin et à reprendre une activité physique parfois mise de côté depuis longtemps.
  • Enfin, pour un public féminin qui a tendance à se censurer et se sentir illégitime dans certains domaines, le sport est un booster de confiance en soi. Il permet aux filles que l’on accompagne de se sentir puissantes et leur fait réaliser que ce sont des battantes !

Les éducateurs sportifs de l’association jouent un rôle crucial dans ces différents apprentissages en mettant en place une pédagogie adaptée qui intègre ces valeurs dans les activités sportives. Par exemple, en encourageant la collaboration lors d’exercices de groupe, les jeunes apprennent l’importance du travail d’équipe et du partage. De même, en fixant des objectifs personnels et en les aidant à les atteindre progressivement, les éducateurs favorisent le dépassement de soi et l’acquisition de compétences en matière de persévérance et de résilience.

  • Comment les JO peuvent-ils être un moyen de favoriser et/ou sensibiliser à l’égalité F/H dans le sport ?

Nous pensons que les Jeux Olympiques et Paralympiques peuvent jouer un rôle crucial dans la promotion de l’égalité entre les sexes dans le sport, et Sport dans la Ville peut tirer parti de cet événement mondial pour sensibiliser davantage à cette cause. Cette année olympique, nous avons proposé aux jeunes de l’association des découvertes olympiques et paralympiques, leur offrant la possibilité de pratiquer une variété de sports auxquels ils n’ont normalement pas accès dans le cadre de notre programmation classique. Parmi ces découvertes, les jeunes ont eu l’occasion de s’initier à des disciplines telles que l’équitation, la boxe, le rugby, le taekwondo, le handball, le cécifoot, le para tennis ou encore l’escrime. De plus, nous avons organisé des quiz sur le thème des JOP pour toutes les catégories d’âges lors de nos tournois pendant les vacances, afin de sensibiliser les jeunes à l’importance de cet événement mondial.

Nos initiations olympiques et paralympiques étaient mixtes, ce qui signifie que nous avons inclus à la fois des filles et des garçons. Cette approche inclusive vise à promouvoir l’égalité des sexes en offrant à tous les jeunes la possibilité de participer à des activités sportives variées et enrichissantes. En mettant l’accent sur la participation des filles et des garçons dans nos initiatives liées aux JOP, nous contribuons à créer un environnement où tous les jeunes se sentent valorisés et inclus. De plus, nous soulignons l’importance des Jeux de Paris 2024, où il est prévu qu’il y ait autant d’athlètes féminines que masculins. Cette parité hommes-femmes représente un pas significatif vers l’égalité des sexes dans le sport et renforce notre engagement à soutenir et à promouvoir cette cause au sein de notre association.

  • Quel impact auront les JO sur votre association ?

En plus d’influencer notre programmation sportive, l’approche des JO donne à Sport dans la Ville une belle visibilité. En tant qu’acteurs de l’insertion par le sport, nous sommes très sollicités pour parler de nos actions sur la scène médiatique mais aussi créer de nouveaux partenariats enrichissants. Cet événement fait également naître de belles opportunités pour les jeunes que l’on accompagne. Par exemple, une cinquantaine de jeunes ont été sélectionnés pour porter la flamme olympique. C’est une expérience qui se présente une fois dans une vie !

Sport dans la Ville organise aussi son propre « Festival 2024 » . Cet événement va réunir 500 jeunes du monde entier qui vont venir passer 10 jours à Lyon puis à Paris à la fin du mois de juillet. Au programme, nous leur proposerons des temps sportifs, des visites culturelles, des discussions sur l’impact du sport sur les jeunes ainsi que la participation à la Cérémonie d’ouverture des JO. Enfin, dans la mesure où nous faisons partie du programme Héritage 2024, l’objectif est que cette belle dynamique s’inscrive dans la durée et nous permette d’accompagner de manière toujours plus qualitative nos bénéficiaires.

 

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