Interview d’Alice Longuet – Renforcer le pouvoir d’agir des femmes au Vietnam

BATIK International développe des projets solidaires favorisant l’insertion sociale et professionnelle des personnes fragilisées en Europe, au Vietnam et au Maghreb. Alice Longuet, coordinatrice projets et représentante pays, livre dans une interview donnée à la Fondation RAJA-Danièle Marcovici les objectifs et les derniers projets de l’ONG.

1 – Pouvez-vous présenter l’association Batik ?

Batik est une ONG française créée en 1998 à l’initiative de deux petites filles d’immigrés. Le nom « Batik » [« tissu entrelacé de fils à motifs fleuris provenant d’une technique d’impression utilisée en Asie, en Afrique et au Moyen-Orient »] tisse différents liens entre les différentes cultures et pays touchés par l’association. Son objectif principal consiste à renforcer le pouvoir d’agir des populations vulnérables. Son siège est situé en France mais elle intervient également en zone Meda et au Vietnam.

2– Quels mots choisiriez-vous pour décrire l’association Batik ?

« Pouvoir d’agir » désigne le cœur et les objectifs de Batik : accompagner les bénéficiaires par un renforcement de l’accès à la connaissance, de la prise de conscience de leurs capacités et de l’estime de soi. Au travers de ces paramètres, se développe leur pouvoir d’agir, c’est-à-dire, la possibilité pour eux d’être acteur de leur propre changement et de l’évolution de leurs droits.

3 – Pouvez-vous définir les principaux objectifs de Batik ?

Les principaux objectifs de Batik sont les suivants :

• Renforcer les capacités des bénéficiaires et partenaires: par une approche multi-partenariale, Batik garantit la longévité de ses projets et l’autonomie de ses partenaires et bénéficiaires sur place, afin de ne pas créer de liens de dépendance avec l’ONG ;
• En France, renforcer le pouvoir d’agir des personnes migrantes: par le relai d’un programme de coopération, celles-ci sont intégrées auprès des agriculteurs et personnes âgées ;
• Au Vietnam, renforcer le pouvoir d’agir des femmes des zones industrielles de Vinh Phuc et de Hai Duong, des étudiant.e.s des universités partenaires dans le cadre du programme « Hy vong » soutenu par la Fondation et des victimes de violences basées sur le genre.

4 – Quels sont les derniers projets de Batik ?

Récemment, Batik a développé les deux projets suivants :

• Le programme « Firewall » est né d’une sollicitation de l’université économique et technique de Băc Thăng Long : du fait de la pandémie de Covid-19, certains étudiants ont eu accès aux outils numériques alors que ce n’était pas le cas avant. Ces derniers ne maitrisaient pas ces outils et les jeunes filles en particulier se sont trouvées exposées à des menaces en ligne. Le projet mis en place par Batik est un programme d’éducation au numérique croisé à des connaissances sur l’éducation sexuelle et reproductive. En effet, la maitrise des compétences liées ces outils coïncide avec l’adaptation avec un environnement de vie connecté dans lequel les étudiant.e.s vont être baignés : shopping, dating en ligne, recherche professionnelle… De plus, le parcours technologique induit des études courtes et une entrée rapide dans la vie active. Avoir des compétences numériques permettra aux étudiant.e.s d’accéder à des emplois plus stables, sécurisés et durables notamment pour celles et ceux qui sont issu.e.s de quartiers défavorisés comme c’est le cas des étudiant.e.s de la région de Băc Thăng Long .
• Le projet « Consentement » est né à la suite de l’expérience « Hy vong » menée aux côtés des universités. Dans la dynamique de prévention des violences basées sur le genre, un grand absent est apparu : l’accès aux connaissances en matière de santé sexuelle et reproductive et de contraception. Au sein des universités, il y a un manque de formation des équipes pédagogiques et des étudiant.e.s sur la question. Ces dernier.e.s sont pourtant très demandeurs de connaissances afin de réduire les risques de grossesses accidentelles ou la transmission d’Infections Sexuellement Transmissibles. Batik souhaiterait travailler davantage sur ce sujet et possède déjà des partenaires de longue date, tels que l’Académie des Femmes à Hanoi, intéressés par la thématique et qui souhaiteraient tirer profit de l’expertise genre de Batik. De son côté, l’ONG souhaite poursuivre le développement de ce projet et le travail aux côtés de la jeunesse vietnamienne qui s’est toujours montrée motivée, engagée et intéressée par ces enjeux.