« Femmes & migrations : quels enjeux de visibilité ? »

22 décembre 2023

Le 4 décembre, dans le cadre d'un partenariat entre la Fondation RAJA-Danièle Marcovici, la Fondation BNP Paribas, Synergie Migrations, et l’Institut Convergences Migrations, une conférence sur le thème « Femmes & Migrations : quels enjeux de visibilité ? » a été organisée. Cet événement a permis d'aborder trois thèmes cruciaux : l’importance de féminiser le regard sur les migrations, renforcer les actions pour protéger les femmes afghanes, valoriser l’engagement des femmes exilées.

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La question du genre dans les migrations soulève des enjeux importants et révèle des réalités souvent méconnues. Les politiques migratoires actuelles posent des risques significatifs pour ces femmes, qui subissent une double marginalisation, en tant que femmes et migrantes, et dont les souffrances ne sont pas toujours reconnues.

Historiquement, les migrations des femmes étaient perçues et décrites principalement comme des regroupements familiaux. Cette perception ne correspond cependant plus à la réalité. En 2022, 115 000 personnes ont demandé l’asile en France pour la première fois, parmi elles 41 500 sont des femmes, et 45% de ces femmes sont arrivées seules.

La conférence, qui s’est tenue au Théâtre Chaillot, a réuni des entreprises privées, des acteurs publics, des ONG et des journalistes pour discuter des enjeux de visibilité des femmes migrantes. Des spécialistes et des femmes en exil ont échangé sur leurs vécus, abordant la douloureuse séparation avec leur pays d’origine et leurs proches, les trajets jalonnés de diverses formes de violence, ainsi que les obstacles rencontrés dans la poursuite de leurs projet personnels et professionnels.

Les intervenantes telles que Ghada Hatem, médecin cheffe à la Maison des femmes de Saint-Denis et Hélève Bonvalot, directrice générale du Centre Primo Levi, ont souligné l’importance d’une prise en charge psychologique adaptée. Leurs témoignages ont révélé la dureté des conditions d’accueil, la dangerosité du parcours migratoire et les multiples formes de violences subies avant, pendant et après la migration.

Concernant les femmes afghanes, Parasto Hakim, militante afghane, a livré un récit poignant sur son travail d’éducation pour les filles à travers des cours clandestins. Solène Chalvon-Fiori, grand reporter et réalisatrice, a pointé du doigt l’inaction face aux besoins des femmes et des filles en Afghanistan. Neda Noraie-kia, Responsable Europe de la politique migratoire à la Fondation Heintich Böll, ainsi qu’Olivier Jacques, Directeur de zone à l’Ambassade du Canada en France ont évoqué les défis liés à l’intégration et à l’apprentissage des langues pour les migrant.e.s. Olivier Jacques a également mis en lumière une initiative du Canada, offrant un soutien financier aux primo-arrivant.e.s pour faciliter l’accès à l’éducation et à des modes de garde pour les enfants, une mesure particulièrement bénéfique pour les femmes.

Des femmes ayant vécu la migration telles qu’Aïda Ghadar, Bernadette Rwegera et Shayda Hessami ont activement dénoncé des pratiques comme le mariage forcé et l’exclusion des femmes des négociations de paix dans les pays en guerre. Leur engagement souligne leur combativité, leur intelligence et leur détermination à aller de l’avant, non seulement pour elles-mêmes mais aussi pour les autres femmes exilées ou restées dans leur pays d’origine.

Enfin, cette conférence a rappelé l’importance de l’implication de la puissance publique dans le soutien aux femmes migrantes, en complément des initiatives de la société civile.

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