Femmes et énergie durable : 3 questions à Charlotte Nivollet

4 février 2016

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Charlotte Nivollet est la Directrice régionale Asie du Sud Est du GERES, une ONG qui a notamment pour mission de réduire la précarité énergétique et d’améliorer les conditions de vie des populations.

Le GERES favorise la diffusion de foyers de cuisson améliorés, en particulier au Myanmar avec le soutien de la Fondation RAJA-Danièle Marcovici. Ces foyers permettent, grâce à une faible consommation de bois, de freiner la déforestation et de réduire les émissions de CO2. Les femmes sont au cœur de ces projets…

POURQUOI LES QUESTIONS D’ÉNERGIE CONCERNENT PLUS PARTICULIÈREMENT LES FEMMES ?

Partout en Asie, quand on parle d’énergie, on parle avant tout de cuisson des aliments : une tâche quiUne femme et son enfant incombe encore majoritairement aux femmes, principales utilisatrices des foyers de cuisson. Au Myanmar par exemple, elles consacrent en moyenne 217 heures par an à la collecte du bois pour la cuisson et le chauffage.

Les fumées nocives dégagées par ces foyers provoquent des maladies respiratoires, des maladies des yeux, et les femmes en sont les premières affectées. Elles vivent d’ailleurs 10 ans de moins que les hommes dans ce pays.

COMMENT L’ACCÈS À DES ÉNERGIES DURABLES PERMET D’AMÉLIORER LE QUOTIDIEN DES FEMMES ?

Quand on diminue la consommation d’énergie ou qu’on l’optimise en améliorant les équipements ménagers, cela permet par exemple aux femmes de diminuer le temps de collecte de combustibles et le temps de cuisson. Pour celles qui doivent acheter leur bois, elles peuvent économiser et consacrer une plus grande partie de leurs revenus à d’autres dépenses pour améliorer leurs conditions de vie (éducation, santé, …), et gagnent du temps pour se consacrer à d’autres activités rentables, ou tout simplement pour se reposer. Cela permet aussi de diminuer le dégagement de substances toxiques et donc de préserver leur santé.

Le fait que les sources d’énergie soient durables a un impact positif sur les conditions de vie des populations. Par exemple, énormément de familles en milieu rural dépendent de la forêt, les ressources forestières étant pour elles sources de revenus. La surconsommation de bois, la dégradation des forêts, ont de graves conséquences sur leurs conditions de vie. Ainsi, au Cambodge, le GERES travaille à la fois sur les équipements et sur les combustibles, pour s’assurer que le bois utilisé provient de sources renouvelables et peut donc être considéré comme un combustible durable

EN QUOI L’AUTONOMISATION DES FEMMES FAVORISE LE DÉVELOPPEMENT DURABLE ?

Les femmes jouent un rôle clé trop peu reconnu dans la société : elles sont par exemple plus soucieuses de la gestion des ressources, plus capables de rembourser un emprunt… En leur permettant de devenir pleinement actrices, c’est toute une partie de la société qui se trouve renforcée et tirée vers le haut !

Elles ont une vraie motivation dans les projets de développement durable, parce qu’elles savent pourquoi elles le font, elles ont le savoir-faire, et elles y voient leur intérêt. Comme ce sont les premières utilisatrices de l’énergie, ce sont les premières à pouvoir changer les choses, innover, mettre en place des solutions.

C’est pourquoi, le projet du GERES au Myanmar vise aussi à renforcer les capacités professionnelles des femmes productrices de foyers de cuisson. Elles reçoivent la formation nécessaire pour pouvoir élaborer des foyers plus propres et plus efficaces, mais aussi pour se doter d’outils pouvant améliorer leur chaîne de production.

Elles peuvent ainsi jouer leur rôle dans cette filière de production et d’approvisionnement en foyers de cuisson, et dans la société en général !

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