Entretien avec la porte-parole de l’Agence des Nations Unies pour les Réfugiés

21 mars 2022

Céline Schmitt est responsable des relations extérieures et porte-parole du HCR en France, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés. Elle nous éclaire sur la crise des réfugiés qui fuient l’Ukraine et les actions du HCR en Ukraine et dans les pays voisins de l’Ukraine. Elle tient aussi à nous rappeler que les crises sont nombreuses et que le HCR est mobilisé sur 31 d’entre elles, notamment l’Afghanistan et travaille dans 132 pays.

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Fondation : Pouvez-vous faire un état de la crise au 21 mars 2022 ? Combien de personnes sont concernées ? Où vont-elles ?

CS : Le HCR a comptabilisé à date près de 3 400 000 refugié.e.s qui ont fui l’Ukraine depuis le 24 février, en raison de la guerre. Ce chiffre se base principalement sur les données fournies par les autorités à partir des points de passage frontaliers officiels. Les refugié.e.s sont pour la grande majorité des femmes et des enfants, en raison de l’obligation faite aux hommes de 18 à 60 ans de rester en Ukraine.

Près de 2 millions de réfugié.e.s sont allé.e.s en Pologne, 500 000 en Roumanie, 355 000 en Moldavie, 290 000 en Hongrie et 235 000 en Slovaquie. Si vous me posiez de nouveau cette question demain, les chiffres auraient encore beaucoup augmenté, tant l’exode est massif.

Par ailleurs, près de 6,5 millions de personnes sont déplacées à l’intérieur de l’Ukraine. Au total, 10 millions de personnes ont été forcées de fuir leur foyer. Il s’agit désormais de la plus importante crise de déplacement depuis la seconde guerre mondiale.

 

Fondation : Quelles sont les activités du HCR en Ukraine ?

CS : Notre action est multiple et dépend bien entendu des besoins et de l’accès humanitaire. Nous organisons de nombreuses distributions à destination des personnes déplacées et des civils dans les zones touchées par les opérations militaires lorsque nous avons accès (nourriture, matelas, couvertures, produits de première nécessités, couches pour enfants…) et mettons à profit notre expérience afin d’aider les autorités à organiser le soutien aux refugié.e.s (grâce à nos compétences techniques, logistiques, légales et de coordination). Nous sommes également en train de travailler afin de mettre en places différents programmes d’aide, comme par exemple un programme de distribution d’argent pour les réfugié.e.s qui ont dû tout laisser derrière eux. Ces actions sont bien évidemment amenées à se développer : actuellement, nous avons 116 salarié.e.s sur le terrain et nous comptons augmenter notre présence dès que les conditions de sécurité le permettront.

 

Fondation : Quelles sont vos activités dans les pays limitrophes de l’Ukraine, à savoir la Pologne, la Roumanie, la Moldavie, la Hongrie et la Slovaquie ?

CS : De la même manière, les activités que nous avons mises en place viennent en appui aux réponses organisées par les autorités des pays d’accueil, selon les besoins sur le terrain. Pour cela, nous développons des partenariats avec de nombreux acteurs localement. Dans tous ces pays, le HCR a pour première mission de protéger les réfugié.e.s que ce soit aux frontières (en mettant en place des abris temporaires, en organisant le transport jusqu’aux villes, en informant les réfugié.e.s sur leurs droits) ou dans les villes comme avec la mise en place de programmes de soutien juridique et psychologique. Nous avons également une mission importante de suivi auprès de l’ensemble des partenaires et des refugié.e.s afin de conseiller et orienter la réponse et les dispositifs mises en place pour répondre au plus près aux besoins constatés sur place.

Nous avons également commencé à mettre en place en Pologne et Moldavie des programmes de distribution d’argent aux familles les plus vulnérables, de biens de premières nécessité (nourritures, tentes, vêtements chauds…), et nous déployons le dispositif des points bleus, qui sont des lieux sûrs pour les familles et les enfants, dont les enfants qui arrivent seuls, afin de les orienter vers les systèmes de protection de l’enfance et prévenir les risques d’abus, d’exploitation et de traite.

 

Fondation : Le HCR est mobilisé sur de nombreuses autres urgences humanitaires, dans 132 pays différents et notamment l’Afghanistan, où la situation est critique. Pouvez-vous nous en dire plus ?

CS : Comme vous le dîtes, la situation est critique dans de nombreux pays, dont en Afghanistan. Il est estimé que 24 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire et que près de 3,4 millions de personnes sont déplacées à l’intérieur du pays… Depuis 2022, le HCR a aidé plus de 500 000 Afghans, en distribuant de la nourriture, une aide financière ou en construisant les infrastructures nécessaires à l’approvisionnement en eau par exemple. Nous sommes également engagés dans 55 programmes locaux afin de renforcer les communautés et de construire leur résilience. La semaine dernière, Filippo Grandi, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, s’est rendu en Afghanistan afin de rencontrer des représentants du gouvernement intérimaire ainsi que des membres du personnel des Nations Unies et des ONG qui continuent à fournir une assistance vitale dans tout le pays. Il a réaffirmé notre détermination à rester sur place et à fournir une aide humanitaire à la population afghane.

 

Pour de plus amples informations :

– Céline Schmitt, Responsable des Relations Extérieures et Porte-parole, schmittc@unhcr.org, Tel :  +33 6 23 16 11 78

– Estelle MORANGE, Responsable Partenariats Privés & Philanthropie, morange@unhcr.org, Tel : +33 7 68 92 31 93

– Gaëlle DEVOUCOUX, Responsable Partenariats Privés, devoucou@unhcr.org, Tel : +33 6 46 64 26 43

– le portail du HCR avec les données actualisées quotidiennement sur les crises dans le monde https://data2.unhcr.org/fr/situations 

 

© PHOTO/ ALAIN JOCARD / AFP

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