Tribune de Danièle Kapel-Marcovici

29 septembre 2022

Dans un contexte global de remise en question des droits des femmes, Danièle Kapel-Marcovici s’engage à aider ses collaboratrices à exercer leurs droits reproductifs, y compris lorsqu’elles vivent et travaillent dans des pays qui les en privent. Découvrez sa tribune publiée le 28 septembre en France, à l'occasion de la journée mondiale du droit à l'avortement.

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Danièle Kapel-Marcovici : « Agir, en tant que cheffe d’entreprise, pour permettre aux collaboratrices d’exercer leur droit à l’avortement »

« N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question ». Cette célèbre citation de Simone de Beauvoir n’est pas galvaudée car, partout, les droits des femmes sont attaqués.

En Hongrie, depuis le 15 septembre, les femmes souhaitant effectuer une interruption volontaire de grossesse devront écouter les battements du cœur du fœtus.

Aux Etats-Unis, depuis le revirement de jurisprudence de la Cour suprême du 24 juin, plus d’une dizaine d’Etats conservateurs ont interdit l’avortement.

En Pologne, l’interdiction quasi-totale de l’avortement a déjà causé la mort de nombreuses femmes. Les tribunaux sont encombrés de procédures absurdes. Le 7 septembre, des poursuites ont été engagées par le parquet polonais à l’encontre de 3 médecins ayant refusé un avortement à une femme victime d’une fausse couche, causant par leur refus le décès de cette patiente. La militante Justyna Wydrzynska est convoquée devant les tribunaux en octobre pour avoir distribué des pilules abortives. Et les femmes réfugiées ukrainiennes perdent autant leur pays que leurs droits reproductifs…

En tant que cheffe d’entreprise, j’ai toujours été convaincue du rôle économique, social et sociétal des entreprises. En 2006, j’ai créé la Fondation RAJA-Danièle Marcovici, première fondation française consacrée à l’autonomisation et l’émancipation des femmes, et active dans quasiment 60 pays dans le monde. La lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles est notre priorité. Or, leur dénier leurs droits reproductifs constitue une violence inacceptable, car cela les dépossède de leur corps et de leur libre-arbitre.

Depuis 40 ans, je dirige le Groupe RAJA, entreprise française et indépendante, fondée par ma mère en 1954, distributeur européen d’emballages et de fournitures de bureau. Le Groupe est implanté dans 19 pays européens et compte 4 500 collaboratrices et collaborateurs dans 26 sociétés. Nous sommes implantés en Pologne depuis 12 ans. J’ai été interpellée par l’engagement de ces grands groupes américains qui n’ont pas hésité à prendre leurs responsabilités, publiquement, après le revirement de jurisprudence de la Cour Suprême aux Etats-Unis.

En tant que Présidente de la Fondation RAJA-Danièle Marcovici, je m’engage à aider mes collaboratrices à exercer leurs droits reproductifs, y compris lorsqu’elles vivent et travaillent dans des pays qui les en privent. Pour cela, je m’engage à offrir mon aide en couvrant les frais médicaux, de transport et de logement pour les collaboratrices du groupe qui auraient la volonté d’interrompre leur grossesse dans un pays où l’avortement est autorisé. Je préfère habituellement les paroles discrètes.

Si j’ai décidé de rompre cette habitude, à l’occasion de la Journée internationale pour le droit à l’avortement, le 28 septembre 2022, c’est parce que je crois qu’aujourd’hui, la gravité des attaques faites aux droits des femmes est telle qu’on ne peut plus s’engager autrement qu’en écrivant et en disant, haut et fort : toutes les femmes doivent être libres de disposer de leur corps.

Danièle Kapel-Marcovici, Présidente de la Fondation RAJA-Danièle Marcovici

Retrouvez la tribune sur le site de Nouvelles News et sur le site de Causette

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