Afghanistan : 1 an après la prise de pouvoir des Talibans, les droits des afghanes attaqués de toute part

15 août 2022

La Fondation RAJA-Danièle Marcovici a octroyé dans le cadre du fonds d’urgence une subvention de 15 000 euros à l’association FEMAID. En Afghanistan, depuis la prise du pouvoir par les Talibans le 15 août 2021, les droits des femmes ont fortement régressé et l’éducation des filles est désormais bannie au-delà du primaire.

FEMAID s’engage pour l’éducation des jeunes filles afghanes de 11 à 18 ans. Grâce à ce projet, plus de 250 jeunes filles continueront d’étudier, 18 enseignantes recevront un salaire et pourront faire vivre leurs familles et jusqu’à 800 personnes suivront les cours en ligne.

Nous nous sommes entretenues avec Carol Mann, présidente de l’association FEMAID, afin qu’elle nous éclaire sur la situation sur place et le projet qu’elle porte.

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  • Pouvez-vous nous décrire la situation en Afghanistan, un an après la prise de pouvoir des Talibans ?

Un après la prise de pouvoir des Talibans, la situation économique et sociale déjà précaire s’est totalement effondrée, d’autant que le gouvernement n’a pas été reconnu et que le commerce international est désormais quasiment impossible. L’aide humanitaire sur laquelle subsistait déjà la majeure partie de la population a été presque entièrement stoppée, à l’exception de l’aide alimentaire d’urgence largement insuffisante. Sur une population de 41 millions dont 97% vit en-dessous du seuil de pauvreté, plus de la moitié est confrontée à une famine aigue, empirée par la sécheresse et les conséquences de la guerre en Ukraine

 

  • Comment la situation des femmes évolue-t-elle depuis 1 an ?

Les quelques jeunes femmes qui travaillaient même de la façon la plus modeste dans l’administration ont perdu leur emploi, ainsi que les commerçantes et enseignantes.

Des familles étendues (une moyenne de 5 enfants par foyer et des parents âgés à domicile) vivent dans la misère totale, ce qui les conduit à vendre leurs filles contre une dot dans le cadre de mariages forcés de plus en plus précoces.

L’interdiction de toute mobilité féminine pour accéder aux soins de base ou même de l’eau suscite une augmentation drastique de la mortalité maternelle et infantile .

L’éducation au-delà du primaire a été interdite pour les filles qui perdent tout espoir d’un quelconque avenir.

 

  • Nous avons vu de nombreuses images et vidéos de femmes qui manifestent en Afghanistan contre le pouvoir et pour leurs droits. Pouvez-vous nous en dire davantage sur ces manifestations et les risques que prennent les femmes qui y participent ?

A l’arrivée des Talibans, nous avons vu des manifestantes protester dans les villes. Cependant une police très brutale sévit. L’interdiction de quitter le foyer sans burqâ ni accompagnateur masculin accrédité a mené à de nombreuses représailles contre ces femmes urbanisées de classe moyenne et éduquées.

Elles continuent à protester et à documenter l’oppression par les médias sociaux – quand c’est possible. Mais ces femmes ne représentent qu’une petite minorité qui par ailleurs cherche tous les moyens possible de quitter le pays, accentuant la fuite des cerveaux active depuis un an.

 

  • Pouvez-vous présenter votre association et nous décrire le projet financé par la Fondation ? Quels sont ses objectifs ?

L’Association FEMAID qui œuvre dans des zones de guerre depuis 30 ans s’est donnée comme but d’aider des filles de 11 à 18 ans à poursuivre leur éducation par le biais de cours secrets chez des institutrices qui ont perdu leur travail et que nous payons directement. La demande est énorme dans le pays entier. Par ailleurs, nous mettons en place des cours qui peuvent être suivis par internet, soit en direct avec des professeurs réfugiés ici ou en ligne.

 

  • Comment pouvons-nous agir de France pour les femmes afghanes ?

En France, nous devons rappeler à tout moment que la cause des femmes afghanes est aussi la nôtre. Même si le pays peut paraître lointain, la jeunesse afghane a les mêmes aspirations que l’occidentale, l’internet a créé une prise de conscience d’appartenir à une société et une culture globalisées. En outre, la baisse des droits des femmes en ce qui concerne la maîtrise personnelle de la sexualité en Pologne, aux États-Unis est un symptôme que le pire, en ce qui concerne les droits des femmes, n’est jamais loin.

 

  • Selon vous, comment la France et la communauté internationale doivent-elles agir pour soutenir les droits des femmes en Afghanistan ?

La communauté internationale ne doit en aucun cas reconnaître le gouvernement taliban mais doit poursuivre l’aide alimentaire, sanitaire et éducative. Néanmoins, des moyens doivent être mis en place, par internet et autres pour permettre aux filles de poursuivre leur éducation afin que toute cette génération ne soit pas perdue et éviter que le pays plonge dans une arriération criminelle encore plus sinistre pour l’avenir de toute la région, voire de la planète.

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