Dans les pays en développement, les femmes – dans leur travail et leurs activités quotidiennes – sont dépendantes des ressources naturelles et sont donc extrêmement vulnérables aux effets du changement climatique. Elles sont aussi de formidables porteuses de solutions et d’innovations pour s’adapter face au dérèglement climatique et gérer durablement les ressources naturelles.
Henri ROUILLE D’ORFEUIL, membre de l’Académie d’Agriculture de France et membre du Comité Exécutif de la Fondation RAJA-Danièle Marcovici, nous en dit plus sur le rôle clé des femmes dans la lutte contre le changement climatique et pour la protection de l’environnement, et la nécessité de leur donner davantage de moyens d’agir.
Dans les pays en développement, du fait de la répartition traditionnelle des rôles, les femmes ont la responsabilité de tâches qui ont un rapport direct avec l’environnement, et sont donc particulièrement concernées par le changement climatique. Par exemple, elles ont en charge la cuisine et la lessive. Les corvées d’eau et de bois, qui souvent nécessitent d’y consacrer plusieurs heures chaque jour, les empêchent de développer des activités économiques et pour les filles, souvent dès le plus jeune age, les empêchent d’aller à l’école.
Les femmes jouent aussi un rôle central dans la production agricole et, plus encore, dans la transformation et la commercialisation des produits alimentaires.
Au-delà de ces engagements traditionnels, les femmes assument des responsabilités plus fondamentales encore. Parce qu’elles prennent encore en grande partie en charge l’éducation des enfants, elles développent une conscience de l’avenir et de la nécessité de s’y préparer et de le construire. Avec cette préoccupation de l’avenir, elles ont plus spontanément le souci de la préservation des patrimoines naturel et culturel. Enfin, elles veillent particulièrement à la cohésion des familles, notamment dans les périodes de changement brutal comme les migrations climatiques.
Parce que les femmes sont particulièrement impactées par les conséquences du dérèglement climatique, il faut leur donner les moyens de mettre en place des solutions durables d’adaptation.
Il y a beaucoup à faire pour leur permettre de jouer pleinement leur rôle et amener les hommes à jouer le leur. Cela commence avec l’éducation des filles et se poursuit avec l’alphabétisation et la formation professionnelle des femmes, qui permettent de renforcer leurs capacités d’agir. Cela passe aussi par un appui à l’organisation collective et à la dynamisation des femmes, mais également par la création d’un environnement favorable à leurs activités.
Bien des barrières doivent être levées et cela passe, si nécessaire, par une évolution du droit : droit de la famille, droit à la terre, au crédit…
En tenant leur juste place dans la société, les femmes pourront mettre en œuvre les solutions qu’elles portent pour préserver l’environnement et gérer durablement les ressources naturelles.
Mettre les femmes au cœur de projets de développement durable, c’est commencer par travailler à leur émancipation. Celle-ci est plus un facteur qu’une conséquence du développement. Difficile, là où les femmes sont emprisonnées dans des coutumes ou des habitudes liberticides, de penser voir une société se développer dans la durée.
Le développement d’une société a besoin de toutes les émancipations, de toutes les énergies humaines et de toutes les créativités
Crédits photos : AVSF, Care/Ictiandro Castillo Morejón