L’affaire Gisèle Pélicot : un espoir pour les femmes victimes de violences sexuelles et de soumission chimique

27 décembre 2024

Le jeudi 19 décembre 2024, la Cour Criminelle du Vaucluse a condamné 51 hommes pour viols ou tentatives de viols aggravés dans le cadre du procès de Mazan. Cette affaire, révélée en 2020, a mis en lumière l’horreur subie par Gisèle Pélicot entre 2010 et 2020. Durant cette décennie, Gisèle a été droguée sous anxiolytiques par son mari Dominique Pélicot, puis violée à de multiples reprises par lui et par des hommes qu’il recrutait sur internet. En demandant un procès ouvert, Gisèle Pélicot a fait un choix courageux : celui de dévoiler l’ampleur de la culture du viol en France et contribuer à faire basculer la honte du côté des agresseurs.

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Ce procès historique, grâce à la détermination de Gisèle Pélicot, marque un tournant. Il a permis de lever le voile sur la soumission chimique et de dénoncer les violences systémiques qui continuent de jalonner le parcours judiciaire des victimes de viols. Les associations féministes et partenaires de la Fondation RAJA-Danièle Marcovici dénoncent depuis des années ces réalités, et ce procès met en lumière la nécessité cruciale de renforcer les dispositifs existants et d’augmenter les financements dédiés aux associations de première ligne pour lutter efficacement contre les violences sexuelles et les cas de soumission chimique.

 

Libérer la parole sur les cas de soumission chimique

Dans une interview accordée à la Fondation RAJA-Danièle Marcovici, la Docteure Ghada Hatem définit la soumission chimique comme « le fait, pour un individu, d’avoir recours à des médicaments pour contraindre une personne à faire ce dont elle n’aurait pas envie »[1]. En exigeant un procès public, Gisèle Pélicot a publicisé cette forme de violence. Depuis l’ouverture du procès en septembre 2024, le nombre d’appels au 3919 signalant des violences liées à la soumission chimique et à des viols conjugaux a fortement augmenté.

Cependant, malgré cette avancée, le combat reste difficile, notamment pour la collecte des preuves. Les victimes de soumission chimique peinent souvent à fournir des preuves matérielles suffisantes pour faire valoir leurs droits. La Fondation RAJA-Danièle Marcovici soutient la Fédération Nationale Solidarité Femmes qui met en place des lignes téléphoniques sécurisées et salue l’initiative de l’association Mendorspas, qui propose une plateformes de témoignages afin de guider les victimes dans leur processus de plainte. Néanmoins, la lutte contre les violences sexuelles demande encore davantage de moyens, de sensibilisation et de soutien institutionnel.

 

Renforcer l’action collective pour une société sans violences sexuelles

 Lutter contre les violences sexistes et sexuelles, c’est construire une société plus juste et égalitaire. Cela passe par un soutien renforcé aux associations, mais aussi par une sensibilisation accrue, notamment en intégrant le consentement au cœur de la loi et des programmes éducatifs. Reconnaitre juridiquement le consentement dans la définition du viol et des agressions sexuelles, c’est affirmer qu’un acte sans consentement est une violation inacceptable. Apprendre, dès le plus jeune âge, à respecter l’autre et à bâtir des relations saines est indispensable pour briser le cycle des violences à travers les générations.

Améliorer le parcours judiciaire des victimes est tout aussi fondamental. Une formation continue et approfondie doit être mise en place pour tous les professionnels impliqués, afin de garantir un accompagnement respectueux et adapté à chaque étape de la procédure judiciaire. Par ailleurs, les associations, qui jouent un rôle clé dans l’aide aux victimes, doivent bénéficier d’un financement conséquent. À l’occasion de la campagne du 25 novembre 2024, ce besoin était estimé à 2,6 milliards d’euros.

L’affaire Gisèle Pélicot brosse certes le portrait d’une société gangrénée par la culture du viol toutefois elle ouvre aussi une fenêtre d’espoir sur la reconnaissance du consentement, tant dans les mentalités que dans la loi.

[1] Interview des Dr. Ghada Hatem-Gantzer et Dr. Leila Chaouachi : Lutter contre les violences sexistes et sexuelles – Focus sur la soumission chimique

 

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